L’USPR et le MPS perd ?

Publié le par Evariste DJETEKE

L’USPR et le MPS perd ?

Difficile de s'y retrouver dans un pays où plus de 200 formations politiques sont officiellement recensées.

Avec la bière et le poisson braisé, la création compulsive de nouveaux partis figure au hit-parade des spécialités nationales depuis l’instauration du multipartisme par Idriss Déby Itno en 1990. En 1990, ils n’étaient qu’une vingtaine. Au dernier recensement officiel, on en dénombrait 212. L’immense majorité des partis politique au Tchad  n’a ni base politique ni différenciation idéologique. Leur création répond avant tout à l’agenda personnel de leur leader en vue d’aller négocier son ralliement au camp au pouvoir ou à l’opposition, au gré du contexte.

Parmi les 212, se trouve l’Union Sacrée pour la République (USPR) qui se positionne dès sa création dans l’opposition pure, mure et dure.  Pour Le Président et  les militants de ce jeune parti, l’histoire et la trajectoire du parti, encore moins sa pointure et son envergure, ne le prédisposent à être à la remorque d’aucune autre formation politique, fut-elle celle du chef de l’Etat. La couleur est annoncée avec ses 12 représentations dans les régions.

Prudent et averti, l’air d’une fausse timidité,  Français Djékombé, journaliste de formation,  débarque dans l’arène politique, surprend tout le monde et s’est révélé aux tchadiens  par sa maitrise des questions socioéconomiques, politiques et son pragmatisme anglo-saxon.  Il a tout laissé et surtout  le confort doué de la rédaction de BBC Afrique à Dakar,  pour retourner au bercail et créer un parti politique. L’USPR est née officiellement  en septembre 2018 et  s’engage  résolument à  « débarrasser le pays de la mauvaise pratique politicienne à l'œuvre depuis les premières heures de l'indépendance de ce pays ».

Les législatives et les locales qui arrivent à « grand pas » pourraient être une heureuse bouffée d’oxygène en ce qu’elles pourraient permettre à l’USPR d’envoyer enfin à l’Assemblée une majorité de députés exclusivement tournés vers les populations.  A Moundou, les militants de l’USPR sont confiants et l’un d’eux confirme « notre parti va  rapidement et sans calcul, tirer ce pays des mains inexpertes d’un système sénescent qui travaille à l’inversion de la décision du peuple souverain, à jouir des dorures de la République et à abîmer volontairement nos valeurs culturelles fondamentales ».

L’USPR  revêt-elle en elle, la capacité de barrer la route à de telles déviations par l’affirmation d’ici quelques mois ? 

Un autre militant de Dembé,  enseignant de son état tire rapidement le bilan des années politiques et rassure :   « nous avons perdu 08 ans avec Habré, sans pouvoir nous débarrasser de la conscience destructrice. Depuis 1990, le malaise social, la souffrance sociale, les difficultés quotidiennes, les assassinats des tchadiens, le désespoir, la démission sociale deviennent de plus en plus prégnants. De complications, nous sommes passés vers du désordre, voire de la déstructuration sociale avec Idriss Déby. L’USPR à les moyens et les stratégies pour mettre fin aux ambitions démesurées et dictatoriales du parti au pouvoir. Si l’USPR s’engage franchement, le MPS perd le pouvoir ».

Toujours est-il que le président Idriss Déby Itno n’est pas indifférent à l’ambition affichée par certains partis d’opposition qui entendent aller à l’assaut de son régime. Il aurait d’ailleurs tort de minimiser cette entreprise dans laquelle s’engagent l’USPR de  Djékombé François, Les Transformateurs de Masra Succès et  le PRET de Théophile Bongoro.  Autant dire qu’il prend donc très au sérieux la menace de cette nouvelle génération de politiciens  au sein de l’opposition et qu’il cherche à annihiler et à casser à tout prix. Pour ce faire, Idriss Déby Itno  compte d’abord jouer sur l’agenda électoral. Alors que la plupart de ses opposants sont acquis à l’idée qu’il fait cap pour 2021, une présidentielle anticipée les prendrait assurément au dépourvu. Au grand bonheur d’un Idriss Déby, comme en 2016, prendrait alors une bonne longueur d’avance sur tous ses adversaires. Aussi, sa stratégie consiste-t-elle à entretenir le plus longtemps possible le flou autour des prochaines échéances électorales.

En dehors du taux de participation ou de la volonté des partis politiques de promouvoir les candidatures jeunes lors des prochaines élections législatives et locales, d’autres inconnues demeurent pour les partis de l’opposition dont celles des alliances.

Si les élections législatives s’annoncent comme un véritable test pour l’USPR, dans quelle mesure et selon quelles modalités atteindra-t-il l’objectif proclamé du renouvellement de la classe politique à l’Assemblée Nationale ? Quid de son marketing politique, de son programme et de sa stratégie d’alliances. Si rien ne vient biaiser la tenue des prochaines élections, la carte électorale devrait refléter enfin l’état réel des forces en présence.

Militant (e)s de l’USPR, par une alternance salvatrice devenue indispensable, aidez-nous à sortir le Tchad de la tentation bananière. C’est parti !

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