Tchad: Regbassi et Oumar torturés par la police à Moundou
Le Tchad veut-il devenir un pays où la torture reste le seul moyen pour se débarrasser des voix qui s’opposent au pouvoir en place ? De plus en plus de jeunes activistes, artistes et autres citoyens font les frais de la torture ces derniers temps. Arrêté alors qu'il se rendait à son lieu de répétition, l'artiste Vicky Regbassi a subi une torture physique et morale. Son état s’est dégradé, conduisant à son évacuation à l'hôpital, où il a bénéficié de soins d’urgences avant de faire l’objet de surveillance clinique permanente à son domicile et acheminé en ce moment à Ndjaména.
Vicky Regbassi n’est pas seul dans le cas de la torture à Moundou. Selon la LTDH locale, Adoum Mahamat Oumar qui revendiquait son argent après avoir gagné un procès contre la mairie de Moundou a subi le même sort. En refusant une négociation à l'amiable imposée par le Gouverneur, Oumar a été arrêté par l'ANS, torturé pendant 3 heures de temps (19h à 22h) avant d'être libéré (voir photo).
La police a usé également de tortures physiques et psychologiques pour extorquer à Vicky Regbassi des aveux et l'obliger à signer des documents dont nous ignorons les conséquences futures pour lui même et pour sa famille. Ce qui met en évidence une forte hausse du recours à la torture au Tchad depuis l'avènement de M. Idriss Déby Itno au pouvoir.
Les témoignages que nous avons reçus sont aussi terribles qu’inquiétants, car la torture et les autres formes de mauvais traitements sont prohibés par la Constitution et par les traités régionaux et internationaux auxquels le Tchad est partie.
En raison des meurtres, arrestations et autres formes de répression, les tchadiens vivent dans la peur des conséquences que pourrait entraîner l'expression de leur opinion politique. Leurs droits seront en péril aussi longtemps que le parti au pouvoir ne devrait pas supporter les conséquences de ses actes...
Le GRAT lance un cri d’alarme à l'opinion mondiale et à la communauté internationale et les appelle à mettre l’actuel gouvernement devant ses responsabilités en matière de respects des droits de l'Homme et d'état de droit.
Cette situation risque de faire replonger le pays dans une instabilité politique sérieuse aux conséquences dévastatrices pour les droits de l’homme et leur respect, dans un pays où les armes circulent librement et où l’usage de la violence politique est endémique depuis plusieurs décennies.