Le Tchad traque les blogueurs et les net-citoyens

Publié le par Evariste DJETEKE

Le Tchad traque les blogueurs et les net-citoyens

L'année 2016 aura vu la consécration des réseaux sociaux et du Web comme outils de mobilisation et de transmission d’informations et surtout de lutte au Tchad .

Les médias occidentaux avaient fait l’éloge d’Internet et de son rôle “libérateur” pendant la révolution iranienne de 2009. Selon le New York Times, les manifestants “tiraient des tweets” face aux balles. Le régime MPS tiraient des balles et les tchadiens des blogs, des sms et des "facebook.

Dans un pays cloisonné comme le Tchad , il crée un espace de liberté. Son potentiel de diffusion d'informations irrite le dictateur et rend inefficaces les méthodes traditionnelles de censure. Le régime y a recours pour surveiller les dissidents, notamment via Facebook et Twitter, et infiltrer leurs réseaux.

Le rôle des téléphones portables s’est également avéré crucial. Les journalistes citoyens ont alimenté en images les sites de partage de photos, de vidéos, et les sites de streaming, permettant au reste du monde de suivre en direct les événements, malgré la censure.

La nouvelle stratégie des régimes autoritaires ne rime plus tant avec un blocage pur et dur qu’avec une manipulation et une propagande en ligne. Le Tchad à l'exemple de la Chine, l'Arabie saoudite ou l'Iran appliquent toujours un filtrage sévère, qu'ils a même tendance à accentuer en période de tensions, notamment à l'attention des sites de micro-blogging et des réseaux sociaux, mais leurs internautes continuent d'apprendre à contourner la censure. Aujourd'hui le régime renforce sa "garde" pour s’attaquer à l’anonymat des internautes et des utilisateurs de téléphones portables.

Le régime aux abois confie carrément la traque des blogueurs et Net-citoyens à une cellule spécialisée de l'ANS (Agence Nationale de la Sécurité). Elle a la lourde charge de surveiller les bloggeurs et de les traquer là où ils sont. Le maillage est fait à partir des grandes capitales africaines et européennes. Deux à trois personnes, généralement des étudiants et travailleurs, proches du MPS sont chargés et des moyens mis à leur dispositions pour accomplir cette macabre mission. Des téléphones portables high-tech (1000 euros environs) et des moyens financiers consistants sont mis à la disposition de ces agents "secrets" d'une autre époque comme "prime" à la traque des blogueurs et Net-citoyens. Entre temps, l'Etat peine à payer 50 000 FCFA aux maîtres communautaires et 30 000 FCFA aux étudiants par mois... Dans quelle République sommes nous?

A N'Djamena et dans les autres capitales comme Niamey, Abuja, Yaoundé, Bamako, des fausses accusations sont entrains d'être concoctées pour coller aux net-citoyens, aux blogueurs et toutes les personnes qui s'investissent dans les réseaux sociaux pour dénoncer les dérives du régime MPS. A l'exemple de Ahmed Abba, le correspondant de RFI en haoussa , certaines personnes seront faussement accusées pour "complicité de terrorisme" et être mise aux arrêts... ou exécutées!

Pendant les dernières élections présidentielles, le régime a voulu influer sur la vitesse de connexion d'Internet dans le pays, ralentissant la bande passante en périodes d'élections ou de manifestations. La vitesse de connexion est devenue le baromètre de la situation politique et sociale d'un pays. L'Iran est passé maître en la matière, utilisant ce procédé la veille et le jour de chaque manifestation organisée par l'opposition. Les régimes déchus de Ben Ali et de Moubarak y ont aussi eu recours. Souvent, ces perturbations sont accompagnées de brouillage ou de coupure des réseaux de téléphonie mobile dans les zones concernées, la place Tahrir au Caire pour ne citer qu’elle. Le Tchad, le Congo Brazza, la RDC et le Gabon ont expérimenté cela lors des élections présidentielles. Idriss Déby passe à la vitesse supérieure en utilisant la traque... En matière de dictature, les autres ne sont que des enfants de cœur.

Les blogueurs et Net-citoyens sont avertis! Meurdé avec archives JSF

Publié dans politique

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